CQAPSP en image
Un grand merci à Océane, Kakfa, mariine-in-love, et lily-x-lily pour ces très belles images !
Juste parce que j'ai envie de parler de ce que j'aime...
dans les bois de chez moi
un garou deux garous
jouent à loup es-tu là
le loup les observe amusé
il faut préciser qu’un garou sans loup
n’est rien du tout
j’ai pour ami intime
un garou d’exécrable compagnie
qui fréquente les bars, jouent aux dés,
toute la nuit s’enivre et s’en revient à l’aube,
titubant, marmonnant dans sa barbe
l’histoire improbable d’un loup devenu phoque
à force de forcer sur le whisky
enfilé son bonnet il me rejoint au lit
s’endort comme un bébé
mais se met à ronfler comme une mamie
et l’affreux s’étonne après ça
que je sois mal luné
si tu veux rester sous mon toit
il te faut montrer patte blanche
et cesser de déguster sur mon toit
la pâté maison des trois petits cochons
« que tu as un grand nez ! »
« rempli de loups
Pas commode à curer »
« que tu as de grandes oreilles ! »
« remplies d’oseilles et avec ça
Sourd comme un potiquet »
« que tu as une grande bouche ! »
« c’est pour mieux te rabattre le caquet ! »
carnaval à Rio des rues
remplies de garçons maquillés
de filles déguisées
pour tromper les apparences
tourner, danser toute la nuit
quand moi, je me balade vêtu d’un bandeau
de velours gris – deux ouvertures
laissent passer mon regard affamé
un loup peut masquer un garou
un élégant garou
se fait teinter le poil
en jaune canari
après quoi ses amis
se rient de lui : la nuit
tous les garous sont gris
mon garou un minuit d’août
me dit l’ami je pars, c’est décidé
je livre ma vie au hasard
puis le baluchon sur l’épaule
il s’élance, passe la porte
et la referme sur mes larmes
ainsi sont mes amis : des courants d’airs
- mais qu’y faire ?
peut-on retenir un garou
lorsqu’il a vu passer le loup ?
mon amour est un lycanthrope triste
triste qui à l’aube fond en larmes
tant et si bien qu’il se noie
dans son chagrin
tous les jours il s’adresse à moi
en entonnant la même ritournelle :
l’homme est un loup pour l’homme,
dit-il, mais pense à ma déveine,
moi qui au lever du soleil, pour les loups
redeviens un homme
or consoler un garou n’est pas sans risque
si je l’assieds sur mes genoux
mon cou se tend à lui comme une friandise,
qu’il croque, je m’endors à jamais
entre ses bras
et me réveille au paradis
des garous et des loups
Pascal Leclerq, Des garous et des loups
Edition le farfadet bleu l’idée bleue
Ni le texte, ni les images sont de moi
Les images ont été trouvées sur le net au cours de diverses recherches personnelles...